Le style de David "Ti-Coca" Mettelus est celui d’un pur troubadour. Son swing entêtant, sa vivacité et le charme inimitable de sa voix éraillée ont contribué à en faire l’un des meilleurs et des plus illustres chanteurs d’Haïti. Ses paroles constituent une chronique douce et amère de la société haïtienne, utilisant des expressions créoles colorées. Dans un chanté-parlé caractéristique, s’accompagnant aux maracas, ce meneur de danses et improvisateur hors pair manie l’art du double sens et de l’espièglerie avec un humour souvent acide et une évidente faculté de décloisonnement des genres ruraux/urbains, sacrés/profanes. Depuis plus de trente ans, ses mélodies chaloupées libèrent une énergie contagieuse imprégnée de la vigueur des dieux africains en exil, omniprésents dans la culture haïtienne.
En interpellant le double héritage africain et européen dans une imagination débridée, il donne une idée simple de ce réel merveilleux que le quotidien d’Haïti nourrit. C’est là toute la singularité du répertoire haïtien et de celui de Ti-Coca, accompagné depuis 1976 par l’ensemble Wanga-Nègès (accordéon, banjo, contrebasse, tambour), qui inclut aussi bien le kompa (ou compas) du pays que le merengue né chez les voisins de Saint-Domingue, ces musiques de danse communément profanes, que les chants issus de la culture vaudoue et même de la musique cubaine. Ils composent ainsi un cocktail enivrant, une sorte de philtre d’amour comme l’indique le nom du groupe. Le wanga nègès désigne en créole le colibri. Cet oiseau-mouche qui entrerait dans la préparation de la magie amoureuse. Vous voilà prévenu(e).